Sirop de Violette !


Par une belle journée ensoleillée, prévoyez de cueillir une ou deux poignées de violette, rincez-les à l’eau clair et froide et placez-les dans un bol, recouverte d’eau bouillante.

Laissez-les tremper 24h, puis filtrez, pesez le liquide obtenu et ajoutez autant de sucre. Mettez le tout à chauffer, doucement pour que le sucre se dissolve. Surtout ne laissez pas l’eau frémir !
Si la température monte trop, la chlorophylle contenue dans la plante va sortir des cellules et donnez un goût d’herbe à votre sirop…

C’est prêt à déguster ! Conservez votre sirop au frigo.

 

La violette – Viola odorata

Depuis quelques jours déjà, le printemps s’installe. Les températures sont plus douces, les jours rallongent, à moyenne altitude la neige a fondue, les premières fleurs pointent le bout de leur nez. Parmi ces aventurières précoces, Violette se fait remarquer : votre œil est d’abord attiré par la petite tâche mauve qu’elle forme avec ses congénères.

Tout comme les fraisiers, les violettes se multiplient de façon végétative par des stolons. Ce sont des tiges qui poussent horizontalement pour aller s’enraciner un peu plus loin. Ainsi, de proche en proche, la violette étend son terrain et ce qui semble un parterre de copines est en fait un seul et même individu génétique qui s’est « cloné ». En vous approchant, vous serez happé par l’odeur que vous renvoie cette petite touffe : douce mais puissante, caractéristique des violettes et qui vous renverra vers vos souvenirs de bonbons toulousain ou de sirop dégusté étant enfant. Approchez-vous, baissez-vous vers elle, vous pourrez observer ces 5 pétales, 1 vers le haut, 2 vers le bas et deux latéraux, tombant également. La fleur est tout en nuance de bleues et veines violacées qui zèbrent ses pétales. Vous remarquerez aussi ces feuilles, qui partent de la base au sol. Elles forment des cœurs et sont légèrement dentées.

 


LAMIER BLANC, RECETTE DE SOUPE PRINTANIÈRE

Récoltez 200g de lamier tendre, en début de floraison, mettez les fleurs de côté. Faites fondre dans de l’huile 1 oignon, 3 pommes de terre coupées en dés puis rajoutez 1,5L d’eau salée.
Lorsque les patates sont cuites, rajoutez le lamier et laissez 1-2minutes d’ébullition.
Retirez du feu et mixez le mélange. Agrémentez avec de la crème fraiche, du fromage râpé, des croutons aillés et n’oubliez pas de disposer quelques fleurs en sommet de bol avant de servir !

Prenez garde à ne pas récolter votre lamier près d’une source de pollution ! Bord de route, élevage non bio, déchetterie, poubelles… le lamier blanc est une espèce rudérale, c’est-à-dire qu’elle affectionne les lieux transformés par l’activité humaine et donc fréquemment pollués !

Le lamier blanc – Lamium album

Ah ces belles fleurs blanches qui nous éblouissent au soleil ! L’ortie sait se parer au mieux pour nous attirer et nous piquer !
Hein ? Une ortie à fleurs blanches ? Que nenni ! C’est le lamier blanc que vous voyez-là ! Et si vous d
épassez le frisson de crainte qui vous parcoure l’échine à la seule vue de cette feuille vert foncé, triangulaire et dentée, poilue, si semblable à celle de l’ortie mainte fois maudite pour les démangeaisons qu’elle occasionne, si malgré votre réticence vous osez plonger les mains en plein cœur de cette touffe… alors c’est avec certitude que vous pourrez discriminer les deux plantes (oui oui oui c’est un critère de botaniste professionnel). Autre critère de distinction : les orties vraies ont de petites fleurs sans pétales, verdâtres et discrètes.
Si le lamier blanc ne pique pas et n’est donc pas du tout adapté pour faire le fameux purin d’ortie cher aux jardiniers, elle est une alliée médicinale intéressante.
Par sa fonction diurétique, elle permet d’éliminer l’eau des reins, et avec elle, toutes les toxines qui s’accumulent dans cette organe filtrateur. Il est également recommandé par le docteur Fournier dans le traitement des encombrements respiratoires (15 à 25g de sommités fleuries fraiches avec autant d’ortie vraie infusés dans 1L d’eau à boire dans la journée). Enfin vous pourrez retrouver le lamier dans certains shampoings
antipelliculaires ou pour les cuirs chevelus sensibles pour son action tonifiante et antiinflammatoire.


SIROP DE PIN A CROCHET

Récoltez 2-3 poignées de bourgeons de pin. En extrémité de branche se trouve généralement 3-4 bourgeons. Prenez garde à épargner le bourgeon apical, c’est-à-dire le central, celui qui va poursuivre la ramification de la branche.
La résine colle aux doigts, les aiguilles piquent ma
is quel enivrement que cette douce odeur de térébenthine !Mettez vos bourgeons à macérer 1 heure avec de l’eau de vie (de l’alcool de fruit à 60° convient très bien). La proportion est de 1mL d’eau de vie pour 1g de bourgeons.
Versez ensuite de l’eau bouillante par-dessus (toujours à raison de 1mL d’eau pour 1g de bourgeons) et laissez reposer une nuit.
Couvrez bien juste après avoir versé l’eau bouillante, sans quoi les principes actifs volatils vont s’échapper.
Filtrez et rajoutez le même poids en sucre.
Faite chauffer jusqu’à obtenir une consistance sirupeuse. Tel quel en cas d’aphonie, de toux, de bronches encombrées ou bien pour le plaisir avec de l’eau, sur des yaourts ou en pâtisserie, vous saurez surprendre vos invités à l’heure du goûter ! (Goûter Skype bien évidement).

Le pin à crochet – Pinus uncinata

Après avoir passé l’hiver rigoureux bien à l’abri dans leur gangue de résine, les bourgeons de pin « débourrent » à l’arrivée du printemps. Un éventail se déploie le long de l’axe du bourgeon, qui, gorgé de la monté de sève et des réserves dont il est constitué, se lance dans la grande aventure qu’est la formation d’un rameau.

A ce stade de développement, la fenêtre est idéale pour récolter ces bourgeons et bénéficier ainsi de tous les principes actifs qu’ils contiennent. Ils sont particulièrement conseillés pour la libération des bronches (ils sont expectorants et antiseptiques). Vous pouvez les consommer en infusion, ou bien en faire un sirop.

Ses vertus médicinales ont depuis toujours conféré au pin un caractère magique et une place particulière dans les traditions populaires.
En Catalogne, il est coutume, la nuit de la Saint-Jean, de cueillir des brins de pin pour former une main, la mà de Déu, amulette à accrocher devant la maison pour apporter bonheur et prospérité.

Pin noir, Pin sylvestre, Pin à crochet… tous ont les mêmes propriétés médicinales aussi une identification rigoureuse n’est pas indispensable pour profiter des bienfaits du genre Pinus !


LE MUSCARI A GRAPPE – Muscari neglectum

 

Ah les hâtives printanières,
Au préambule des chaleurs,
Ces sprinteurs acquièrent
Mille et une couleurs
Tout vient à point à qui sait attendre, comme disait l’autre[1], une bien belle leçon à méditer pour nous autres confinés…
Muscari en a fait fit,
Négligeant le neglectum ?
De la neige il fait veston,
Dressé, fier, il harangue l’Homme !
Il se rit de nos leçons,


Sachons ne pas lui en tenir grée et savoir profiter de ses attraits. Du latin musc le muscari dégage une odeur de prune dont il se pare aussi de la couleur. Muscari signifie « chasse mouche », du fait de son odeur il attire les mouches et permet de les éloigner de nous… Voilà qui lui retire quelques-uns de ses romanesques attraits !
Par son bulbe il fait plutôt penser aux oignons ou à l’ail, pourtant il ne partage pas leur famille. Le Muscari est un asparagacée, comme l’asperge, les agaves ou le muguet. Tout comme l’absinthe, le muscari est une plante vivace, qui passe l’hiver grâce à son bulbe chargé de réserves pendant l’été et près à débourrer dès le printemps.

Ce bulbe peut être utilisé en cuisine à la manière des oignons, tout comme ses jeunes feuilles tendres qui trouvent bonne place dans une omelette. Les boutons floraux, c’est-à-dire ces boutons qui enferment les fleurs et ne se sont pas encore ouverts, peuvent être conservés dans du vinaigre et consommés à la manière des carpes.
Avec l’âge, la plante accumule des alcaloïdes iso-quinoléiques qui présentent une légère toxicité (entraînant des vomissements) s’ils sont consommés en grande quantité. Privilégiez donc de jeunes individus (surtout pour la consommation crue) et n’oubliez pas qu’ils sont juste là pour agrémenter le plat !
La cueillette de partie souterraine de plante les condamne définitivement… Soyez donc mesurés dans votre cueillette et répartissez-la sur plusieurs touffes de Muscari !

[1] La Fontaine

Photos  : © PNRPC

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