L’art roman

S’il est bien une expression artistique caractéristique des Pyrénées catalanes, c’est l’art roman. Aux détours des villages ou des sentiers, au cœur des églises, s’exprime toute la sensibilité des XIe et XIIe siècles. Des puissantes architectures rustiques aux couleurs des mobiliers peints des églises de Cerdagne, passez les lourdes portes en bois des églises des Pyrénées catalanes pour un voyage dans le temps …

Un art de pierre et de couleur

Un blanc manteau d’églises recouvre l’occident chrétien à partir du XIe siècle (Raoul Glaber). Les Pyrénées catalanes n’échappent pas ce mouvement de renouvellement, de constructions et d’implantations de centres religieux (abbayes et églises). Les lieux de culte font peau neuve. Des artisans spécialisés s’activent sur les chantiers financés par la dévotion et le labeur des hommes.

Les églises des Pyrénées catalanes de cette période sont de facture simple. Le plan est celui de la croix latine avec le chœur orienté. A l’occident trône le clocher quadrangulaire massif. Les murs sont épais avec de petites fenêtres. Ils ont souvent été remaniés ou détruits aux époques suivantes mais celui de Corneilla-de-Conflent conserve encore toute la majesté massive des édifices romans.

La nef centrale reçoit une voûte de pierre en berceau plein cintre. Ce poids important à porter justifie l’épaisseur des murs et le percement de toutes petites fenêtres, laissant filtrer une lumière quasi irréelle.

Enfin, après la croisée du transept s’ouvre le chœur, l’espace sacré par excellence où se situe le mystère de la messe. De nombreuses églises cerdanes, y conservent des éléments mobiliers polychromes romans exceptionnels, comme le maître autel d’Angoustrine (Christ en majesté dans une mandorle, entouré des tétramorphes).

Le décor sculpté est à l’image de la sobriété de l’architecture. Voussures et chapiteaux des portails portent des décors bibliques ou issus du bestiaire médiéval. Les chevet et clocher arborent les bandes lombardes, marques de fabrique de l’art roman.

L’originalité des Pyrénées catalanes est d’avoir pu conserver une grande partie de ce patrimoine monumental et mobilier. L’espace montagnard et rural, la domination du pouvoir d’Aragon ou tout simplement l’implantation de cet art souvent dit méridional, loin des prouesses techniques et des modes du gothique français, pourraient expliquer cette préservation. Rusticité, simplicité et force se dégagent de ce patrimoine médiéval, un peu à l’image des hommes et des paysages des montagnes catalanes.

L’art baroque

Si le territoire du Parc est une terre romane, il n’en est pas moins, une terre baroque. En effet, la Catalogne accueille au XVIIe siècle l’art baroque venu d’Italie qui grâce à la paix retrouvée façonne l’ornement des églises médiévales devenues trop petites et trop sobres. Bien que les retables baroques les plus prestigieux se situent à la périphérie du territoire, l’influence a agi en Cerdagne et en Capcir. Beaucoup de villages abritent de nombreuses œuvres de ce siècle d’or.

Bons nombres de petites chapelles renferment de magnifiques trésors de cette époque, c’est le cas notamment à Angoustrine, Llo, Belloc, Err, en Cerdagne ; à la Llagone, Formiguères, Réal, Rieutort, Sauto, en Capcir ; L’église romane Saint-Jacques de Villefranche-de-Conflent abrite les retables de Saint-Pierre (1627), de la Vierge (17e) et de Notre-Dame-de-Vie (par Joseph Sunyer – 1715), qui marquent le baroque en Conflent.

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